16
El-Bab
Barthélémy sortit de son repaire et constata l’ampleur de la destruction autour de lui. La grande ville du roi Aratta était maintenant déserte et en ruine. Dix jours auparavant, la cité était remplie de passants dans les rues ; elle débordait de commerçants sur la place du marché, d’enfants espiègles qui s’amusaient dans les ruelles, d’odeurs de cuisson, de rires sonores et de jolies femmes. Il y avait des embouteillages de charrettes à certains carrefours et des piétons grouillaient dans tous les coins de la ville. Des foules considérables sortaient à heures fixes des temples sous les hurlements des marchands de thé ambulants. Des bouibouis offraient les spécialités du pays et les cuistots grillaient à l’extérieur de leur restaurant des saucisses de mouton et des sardines de la mer Sombre. Cette ville autrefois si vivante était maintenant tout à fait morte.
Le chevalier embrassa le sol et remercia sa déesse de l’avoir sauvé. De toute évidence, il serait mort sans sa protection. Pour épargner sa propre vie, Barthélémy avait dû sacrifier ses hommes, mais il ne le regrettait pas. C’est à peine s’il se souvenait d’eux ! Le seigneur de Bratel-la-Grande avait définitivement perdu la tête.
Il arrive parfois que des événements tragiques chavirent les hommes les plus nobles et les plus vertueux. Barthélémy avait beaucoup souffert lors de son passage forcé comme esclave chez les bonnets-rouges. Ce traumatisme avait bouleversé ses repères et remis en question sa vie entière. Zaria-Zarenitsa avait su exploiter cette faiblesse à son avantage. Le chevalier avait vu trop de haine et de violence. Il était devenu méfiant et amer envers les autres, peu porté à donner sa confiance. La déesse était entrée dans sa vie juste au bon moment pour combler le vide de son âme et le manipuler ensuite à sa guise.
Zaria savait ce qu’elle faisait. Elle avait d’abord charmé le chevalier par son apparence plaisante et inoffensive. Connaissant les règles de conduite de la chevalerie, elle savait que Barthélémy ne refuserait jamais de lui venir en aide.
Habilement, elle l’avait valorisé pour mieux lui inculquer de nouvelles idées : les siennes ! C’est elle qui avait maintenant le pouvoir absolu sur les actes et les pensées du chevalier. La déesse le menait comme une marionnette et l’avait forcé à trahir ses hommes. L’affection naturelle que le chevalier entretenait pour ses subalternes avait été dissolue et ne se créerait plus jamais en lui pour quiconque. Le chevalier était maintenant isolé dans son âme et donc plus vulnérable encore aux manipulations de la déesse. Barthélémy n’avait désormais plus de repères et, psychologiquement fragile, était incapable de retrouver son esprit critique.
— Tu vois ce qui reste autour de toi ? dit Zaria-Zarenitsa après s’être matérialisée près du chevalier. Il ne reste rien… Que de la poussière et du sable, voilà ce que laissent les dieux du mal après leur passage.
— Est-ce vraiment le mal qui a provoqué toute cette destruction ? demanda Barthélémy dans un dernier éclair de lucidité.
— Oui… mentit sans vergogne la déesse.
Zaria-Zarenitsa savait pertinemment qu’Enki était d’abord une divinité du bien ayant sombré dans la mégalomanie.
— Le mal est partout, poursuivit la divinité, il est tout autour de nous ! Heureusement, nous sommes là, toi et moi, pour préserver le bien et assurer aux humains la paix et la prospérité.
— Le soleil n’est pas apparu, hier, dit Barthélémy. Pourquoi ne s’est-il pas montré ? C’est à cause des mauvais dieux ?
— Exactement, fabula la déesse. Ils m’ont empêchée de faire mon travail ! J’étais prisonnière des puissances du mal et j’ai été torturée… Tout comme toi… Mais, heureusement je me suis échappée pour faire renaître le jour.
En réalité, Zaria-Zarenitsa était beaucoup trop faible pour s’opposer à la volonté d’Enki. Comme les autres dieux dont la tâche est d’assurer l’arrivée de l’aube tous les matins, elle avait tenté de faire son travail. La force du grand dieu sumérien s’était opposée à ses petits pouvoirs et Zaria-Zarenitsa s’était vue submergée par une couche de ténèbres impossible à déloger. Trop dense pour être percée, la nuit était tombée sur le jour en l’écrasant de tout son poids.
— Mais qu’allons-nous faire contre le mal qui se répand sur le monde et qui guette chacun de nos mouvements ? demanda le chevalier, confus.
— Nous allons le combattre avec une grande armée ! s’exclama Zaria. Tu te rappelles ton idée ? Devenir le roi des quinze royaumes ?
— Oui… oui, je me rappelle, confirma Barthélémy, les yeux hagards. Devenir le roi… Unir les royaumes… Et mener les hommes à la libération…
— À la GRANDE libération ! précisa la déesse, excitée. Tu débusqueras le mal et anéantiras les créatures des ténèbres ! Tu mèneras la grande alliance des humains pour la domination du monde et tu extermineras quiconque refuse de se soumettre au bien !
— Je ferai comme Yaune le Purificateur, continua Barthélémy, et je répandrai la lumière dans tous les coins obscurs du monde, et DE FORCE S’IL LE FAUT ! Je me rends compte que j’ai mal jugé cet homme et je sens aujourd’hui le poids qu’il avait à porter sur les épaules. Je le regrette et je crois maintenant que, s’il a tué mon père, c’est parce qu’il avait une bonne raison de le faire.
— Va ! lui ordonna Zaria-Zarenitsa. Retourne dans ton pays et accomplis ton destin. Je veillerai sur toi. Chacun de tes pas sera une foulée de plus vers la gloire et le succès !
Le chevalier leva dignement la tête et embrassa goulûment la déesse. Il retourna ensuite d’un pas alerte dans la maison, paqueta quelques provisions et déguerpit au pas de course. Le torse bombé et le sourire radieux, le seigneur de Bratel-la-Grande disparut au loin, saluant à grand renfort de gestes sa divine amoureuse.
Zaria-Zarenitsa se retourna alors sur elle-même et apparut, dans une autre dimension, dans la chapelle de son maître. Ce lieu, dont les murs et les poutres de soutien étaient constitués d’ossements humains, faisait peur à voir. Juste devant elle, bien assis sur un trône en or, reposait une divinité à la tête de serpent. Sa peau rouge clair suintait légèrement et ses puissantes mains étaient semblables à des pattes d’aigle.
— J’ai fait ce que tu attendais de moi, Seth, annonça poliment Zaria-Zarenitsa. Libère maintenant mes sœurs comme tu l’as promis !
— Tout cela ne fait que commencer, belle déesse.
— Tu avais promis ! s’opposa Zaria. Respecte ta parole ! Nous avions un accord, tu te souviens ? Si je réussissais à séduire le chevalier et à l’inciter à prendre le pouvoir des quinze royaumes, tu libérais mes deux sœurs que tu tiens en otage !
— Ce n’était que la première étape, dit Seth en souriant. Maintenant, tu vas continuer la route avec lui ! Je ne veux pas qu’il se démotive et qu’il retrouve sa lucidité.
— Et si je refuse ? demanda la déesse.
— Je ferai souffrir tes sœurs pour l’éternité ! ricana le dieu serpent. Tu n’as pas le choix, petite déesse mineure ! Il faut vraiment être aussi stupide que Barthélémy pour croire que c’est toi qui as protégé son repaire de la colère d’Enki. Tout le mérite de ce travail me revient ! Tu n’es bonne qu’à mettre de la rosée sur l’herbe et à faire s’ouvrir les fleurs, chère Zaria… pas plus ! Tu vas immédiatement faire ce que je t’ordonne !
— Très… Très bien, hésita la divinité. Il semble que je n’aie pas le choix…
— Tu comprends vite lorsqu’on t’explique longtemps ! se moqua le dieu. Ce que Karmakas ou Yaune le Purificateur n’ont pas pu réussir, c’est Barthélémy qui le réussira ! Ma ténacité est admirable, tu ne crois pas ? J’obtiens toujours ce que je veux, même si parfois les choses prennent un peu plus de temps que prévu.
— Que dois-je faire maintenant ? questionna Zaria.
— Disparaître et te tenir prête à exécuter mes ordres ! lança brutalement Seth. Rappelle-toi bien de ne parler à personne de notre alliance… C’est notre petit secret ! Il ne faudrait pas que je me fâche et que tes sœurs souffrent le martyre…
La déesse s’inclina et disparut du temple éthéré de Seth. Le dieu se cala alors confortablement dans son trône et éclata d’un rire dément.
La tour était enfin là ! Elle s’élevait majestueusement devant les yeux ébahis des adolescents. Jamais ils ne l’auraient crue si haute et si imposante. El-Bab ne donnait pas l’impression d’être une tour ordinaire : elle ressemblait davantage, par sa taille, à une montagne sacrée émergeant de la terre. Plus de trois cents étages étaient déjà construits, et des milliers d’esclaves travaillaient jour et nuit à son érection.
De la petite colline où se trouvaient Amos et ses compagnons, il était possible d’admirer l’imposante ville champignon qui en ceinturait les alentours. Autour de la tour, c’était une véritable fourmilière grouillante d’activité. Esclaves, pèlerins, travailleurs engagés, artistes sculpteurs, cuisiniers, soldats, marchands, femmes et enfants tenaient les rôles nécessaires au bon fonctionnement du chantier.
— Allez ! s’écria Béorf, Allons faire une visite à la tour et casser la croûte en ville ! J’ai tellement faim que je dévorerais un bœuf à moi tout seul !
— Je ne pense pas, répondit Amos en réfléchissant. Je ne crois pas qu’un minotaure et qu’une gorgone soient les bienvenus dans cette cité. Regarde, Béorf, sur le flanc ouest de la tour, les esclaves qui y travaillent sont des hommes-taureaux. Puis, regarde plus en avant, juste là, ce sont des hommes à la peau noire qui se font fouetter ! Lolya sera aussi en danger si nous entrons tous dans cette cité.
— Mais nous n’allons pas rester ici à admirer le paysage ! lança Béorf, tenaillé par la faim. Il faut penser à quelque chose, alors, et vite ! J’ai faim…
— Toi et moi irons en ville et nous essayerons de trouver quelque chose à manger pour tout le monde, proposa Amos. Comme nous n’avons pas d’argent, eh bien, nous devrons voler de la nourriture ! Quand nous aurons tous mangé, je commencerai les recherches pour retrouver ma mère.
— Koutoubia aurait certainement aimé vous accompagner… pensa Lolya à haute voix.
— Et j’aimerais bien qu’il soit avec nous, reconnut Amos. Son aide me manque terriblement.
Un moment de silence plana entre les adolescents.
— Bon, allons-y ! commanda Amos.
— Nous ne bougerons pas d’ici et attendrons votre retour, promit Lolya. Ne soyez pas inquiets, nous trouverons un endroit pour nous cacher.
Les garçons dirent au revoir à leurs amis et marchèrent côte à côte vers la cité. Ils croisèrent quelques bergers guidant leur troupeau vers les pâturages environnants. Les grandes catastrophes qui s’étaient abattues sur le pays n’avaient aucunement atteint la tour et les terres voisines. Tout était parfait dans un rayon de plusieurs kilomètres autour d’El-Bab. Les champs étaient luxuriants, les habitants des lieux en bonne santé et, de toute évidence, la grêle n’avait rien endommagé.
Un bataillon complet de soldats sumériens était stationné à l’entrée de la ville. Les gardes observaient les allées et venues d’un regard distrait, trop occupés qu’ils étaient à jouer aux dés. Les garçons passèrent le poste de garde sans se faire poser de question et disparurent aussitôt dans les méandres de la ville.
Presque toutes les habitations de la cité étaient faites de toile, de tapis ou de tissu. Ces tentes improvisées de toutes les formes, les couleurs et les styles donnaient une vive impression de légèreté.
Les habitants étaient pour la plupart de nouveaux arrivants et se débrouillaient avec les moyens du bord. Ils avaient tout laissé derrière eux en n’apportant que l’essentiel sur leur mulet. Par chance, nombre d’entre eux étaient arrivés à El-Bab avant les grandes catastrophes. D’autres, moins chanceux, avaient vu les rivières de sang et subi l’invasion des grenouilles. Ils en parlaient encore avec frayeur et remerciaient Enki de les avoir guidés vers lui au bon moment.
— Là, juste là ! dit Béorf en arrêtant Amos. Il y a un marché, tu le vois ?
— Oui, je le vois, répondit le porteur de masques, mais il est trop petit… Comme personne ne nous connaît dans le coin, les commerçants auront des doutes et nous serons tout de suite remarqués. Nous devons être habiles pour…
— J’ai une bonne idée, interrompit le gros garçon dont l’estomac hurlait famine. Nous allons nous séparer pour être plus efficaces dans notre cueillette de nourriture et nous nous retrouverons dans quelques heures à l’entrée de la ville. Ça te va ?
— Je crois que ce n’est pas très sage, répondit Amos. Nous devons rester ensemble pour nous protéger l’un l’autre si quelque chose d’imprévu se produit !
— Tu veux plutôt dire que tu t’inquiètes pour moi et que tu ne me crois pas capable de voler un peu de nourriture sans me faire prendre ! se fâcha Béorf, agité par l’odeur de la viande grillée.
— Prends sur toi, Béorf, lui conseilla Amos. Et baisse le ton, les gens commencent à nous remarquer.
— Écoute, Amos, rétorqua l’hommanimal, tu es mon ami, mais parfois je te trouve un peu trop paternel ! Ton petit air de sagesse me tombe sur les nerfs et… et franchement, je crois que cela agace aussi Médousa et Lolya. J’aurais aimé te le dire autrement, mais bon… Tu vois, c’est toujours toi qui prends les décisions, toujours toi qui nous sauves la vie, toujours toi qui as raison sur tout… Ouf ! À la longue, tu vois, c’est un peu énervant ! Laisse-moi un peu tranquille et rejoignons-nous dans quelques heures à l’entrée de la ville, juste après le poste de garde. J’ai faim et je vais me trouver quelque chose dans ce marché ! Salut ! À plus tard…
Amos, surpris par les reproches de son ami, ne répondit rien et acquiesça d’un léger mouvement de tête. Le gros garçon tourna les talons et s’enfonça dans le marché.
Béorf salivait abondamment à l’idée de prendre un vrai repas. Tout autour de lui sentait si bon ! Il n’avait pas mangé à sa faim depuis son départ d’Arnakech et était sur le point de perdre la tête. Il respirait à pleins poumons l’odeur de la viande braisée et le subtil parfum des fruits l’enivrait. Il voulait manger à satiété, mélanger les saveurs et les couleurs des aliments, faire une fête autour d’un mouton grillé et boire des jus de fruits savoureux. Autour de lui, c’était l’abondance ! Malheureusement, il n’avait pas d’argent et devait trouver le moyen de se nourrir. Il ne pouvait plus attendre, son corps le suppliait de manger.
Incapable d’user de subtilité, le gros garçon tendit brusquement la main vers un fruit et, sous les yeux du marchand, l’amena directement à sa bouche. Juste avant que ses lèvres ne le touchent, une main derrière lui saisit son oreille et l’adolescent se figea. Une poigne inconnue avait délicatement coincé un nerf de son cou et l’hommanimal, salivant, la bouche ouverte, le fruit suspendu juste devant ses yeux, ne pouvait plus bouger. Une voix dit alors derrière lui :
— Le silence est quelque chose de magnifique. Il est comme une pelure d’oignon et possède plusieurs dimensions. Il est présent dans la nuit, dans l’absence de mouvement, dans l’âme de celui qui écoute et dans la musique infinie des étoiles muettes. Il faut savoir écouter les étoiles pour connaître les véritables harmonies qu’elles jouent tous les soirs, aux mêmes heures, alors que personne ne les entend. Dans les enseignements que je dispense à mes élèves, je dis toujours que le silence est un moyen privilégié d’atteindre la vérité, c’est-à-dire qu’il est une façon de boire à la source cachée du savoir des plus grands sages et des plus grands philosophes. Mais comment, monsieur Bromanson, pouvez-vous respecter le silence dans la cacophonie que fait quotidiennement votre estomac ?
L’homme relâcha l’oreille de Béorf. Complètement décontenancé, le gros garçon se retourna et, incrédule, dut se frotter les yeux à deux reprises. C’était… mais oui, c’était bien lui ! Sartigan en personne ! Il était là, avec sa barbe tressée lui servant de foulard, ses traditionnels vêtements orangés et… ouf ! son haleine toujours aussi déplaisante !
Béorf lui sauta dans les bras et Sartigan serra fortement le garçon contre lui. Le vieil homme s’était ennuyé de son élève et les retrouvailles le comblèrent de joie.
Le maître lança une pièce au marchand de fruits pour payer la collation de son élève et dit à Béorf :
— Ce n’est pas bien de voler ! Même en dernier recours, il y a toujours une autre solution que le vol. Mange le fruit et accompagne-moi dans ma demeure, j’ai de quoi remplir convenablement ton estomac. Mais, dis-moi, Amos n’est pas avec toi ?
— Euh… oui… hésita le garçon, un peu honteux. Nous nous sommes séparés et nous devons nous retrouver à l’entrée de la ville dans quelques heures.
— Amos Daragon et Béorf Bromanson séparés l’un de l’autre ? s’étonna Sartigan. Il faudra que tu m’expliques ce qui s’est passé !
— C’est ma faute, avoua Béorf en baissant les yeux. Je me suis impatienté… J’avais… j’avais trop faim et…
— Ne m’en dis pas davantage, l’arrêta le maître, je te connais et je connais aussi Amos. Ce petit accroc sera vite oublié.
— Mais attendez ! s’étonna Béorf en croquant son fruit. Mais, vous parlez notre langue ! Vous parler le nordique !
— C’est la mère d’Amos qui m’a enseigné, sourit Sartigan, assez fier de lui. C’est un excellent professeur, mais il faut dire que je suis aussi un bon élève !
— Elle est vivante ? Bien vivante ? se réjouit le gros garçon en sautant de joie.
— Oui, confirma Sartigan, et nous la ferons sortir d’ici plus tard ce soir, lorsque la nuit pourra nous cacher.
— Que fait-on pour Amos ? On le cherche ? s’enquit Béorf, inquiet.
— Il nous sera difficile de le retrouver dans cette foule, constata le vieil homme. Nous l’attendrons ensemble, tout à l’heure, à votre point de rendez-vous.
— Je vous croyais prisonnier comme Frilla…
— Non, pas du tout ! s’amusa Sartigan. Tu vas voir, ici, tout le monde me croit fou. Ils pensent tous que je suis un vieux gâteux. Je vis d’aumônes et de petits boulots. De cette façon, on me laisse circuler partout, aussi bien parmi les soldats que parmi les esclaves. En réalité, je vous ai quittés pour venir assurer la protection de Frilla en attendant votre arrivée. Je savais qu’Amos et toi réussiriez à atteindre El-Bab. Mais, trêve de bavardages pour le moment ! Allons vite manger afin que tu puisses me raconter votre voyage vers l’île de Freyja et les aventures que vous avez vécues sur la route !
— Oui, parfait ! s’exclama Béorf en se léchant les babines. Il me faudra aussi des provisions pour les autres !
— Les autres ? questionna Sartigan. Quels autres ?
— Je vous expliquerai…